Évaluer et intégrer les intérêts de la biodiversité d’eau douce au sein de la gestion du bassin de Moulouya au Maroc est un des composants de la partie nord-africaine du projet « Intégration de la biodiversité d’eau douce dans le processus de développement en Afrique ». Financé par la Commission européenne et l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement (AECID), ce programme de l’UICN est mis en œuvre au Maroc en partenariat avec l’Agence du Bassin Hydraulique de Moulouya (ABHM) et le Conseiller régional de l’UICN, Brahim Haddane. Ses principaux objectifs sont les suivants : évaluer le statut de la biodiversité d’eau douce en Afrique et démontrer l’application de ces données dans le cadre de la planification en termes d’environnement et de développement au niveau de quatre sites de démonstration, dont Moulouya.

Les espèces principales identifiées et étudiées sur le site de Moulouya concernent 5 groupes taxonomiques d’eau douce : poissons, crabes, plantes aquatiques, libellules et mollusques ainsi que leurs habitats respectifs. En outre, les pays nord-africains et les experts et gestionnaires locaux d’eau douce de Moulouya ont été formés sur l’utilisation de Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) en tant qu’outil d’intégration de différentes données sur la biodiversité.

Le 14 septembre, à l’occasion de la visite de Mohamed Melhaoui de l’Université de Oujda des bureaux de l’UICN-Med à Malaga, des progrès significatifs ont été accomplis afin de planifier des activités supplémentaires pour présenter les résultats de l´évaluation de la biodiversité locale auprès des décideurs concernés et pour renforcer les campagnes et les outils de sensibilisation croissante au sein des communautés locales. Par exemple, une caravane voyagera le long de la rivière Moulouya d’ici à la fin de l’année 2009.

En plus des moyens évoqués ci-dessus, un réseau de surveillance est mis en avant afin d´obtenir une meilleure communication entre les diverses parties concernées par la biodiversité et la gestion de l´eau dans la région, dont, en particulier, la formulation de recommandations-clés insistant sur l’intégration de mesures de conservation des espèces dans le processus de gestion durable des ressources en eaux douces.

Les conclusions principales issues du projet de Biodiversité des eaux douces de l´Afrique du Nord, qui seront publiées sous la forme d’un rapport d’ici à la fin 2009, comprennent les déclarations suivantes :

- Plus d’un quart (27 %) des espèces d’eau douce d’Afrique du Nord présentes dans ce rapport est menacé d’extinction à l’échelle régionale, 9 % a été estimé Quasi menacé et 14 % a été classé dans la Catégorie Données insuffisantes.

- 18 espèces sont Éteintes à l´échelle planétaire, dont un poisson endémique Salmo pallaryi et 17 mollusques, la plupart indigènes de la région nord-africaine paléarctique (Maghreb). Par ailleurs, 30 autres espèces sont Éteintes au niveau régional, ce qui signifie qu’elles ont disparu de la région mais existent encore dans d’autres zones du monde. Enfin, 6 odonates sont Éteints au niveau régional. Néanmoins, l’espèce de mollusque Margaritifera marocana, considérée comme Éteinte, a été redécouverte. Une étude génétique ultérieure a toutefois révélé qu’il s’agissait en réalité d’une espèce distincte.

- Les mollusques d’eau douce et les plantes aquatiques sont des groupes taxonomiques qui caractérisent la région nord-africaine. Ils représentent, à eux deux, 81,5 % des espèces endémiques de la région.

- En raison d’un nombre très limité de systèmes hydrographiques et de zones humides dans les pays nord-africains, les espèces d´eau douce se concentrent principalement dans les régions du Maghreb méditerranéen, du Nil en Égypte, du sud de l’Algérie et de la Grande Jamahiriya arabe libyenne.

- La perte et la dégradation de l’habitat, principalement dues aux prélèvements d’eau et au développement d’infrastructures, associés à la pollution, sont les causes majeures du déclin des espèces en Afrique du Nord.


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